La flambée estivale du cours des céréales met à mal l’élevage et les fabricants d’aliments. Cette pression à la hausse paraît être durable, ce qui n’est pas anodin pour des filières animales dont la trésorerie et la rémunération sont au plus bas… La répercussion de cette hausse dans les linéaires n’est pas pour demain selon les propos du patron de Carrefour.
Dans son étude sur la consommation de viandes en France, France Agrimer a étudié l’impact de la hausse des cours des céréales sur le prix de la viande. Après une détente provisoire, les marchés mondiaux de céréales sont repartis à la hausse : ils ont connu une véritable flambée au cours de l’été, bondissant de 60 % en deux mois.
Cette hausse se répercute sur le coût de l’alimentation animal et donc le coût de production. Ainsi, les aliments représentent 50 à 60 % du coût de production chez les volailles et les porcs. Leur part est plus limitée et variable chez les bovins, compte tenu de l’utilisation de fourrages produits sur les exploitations et des différents systèmes d’élevages. La part des céréales varie de 15-50 % dans l’aliment bovin à 63 % dans l’aliment volailles. L’impact sur le coût de production est de 2-6 % chez les bovins, 5-8 % chez les porcs et 6-10 % chez les volailles.
Si ces pourcentages paraissent limités à un néophyte, une telle pression sur le coût de production s’avère dramatique pour l’élevage où les prix de vente sont limités et les marges nulles voire négatives selon l’espèce et le profil de l’élevage. Ainsi, le porc vient de perdre 4,5 ct le kg pour passer en dessous de 1,20 €.
La solution serait de répercuter ces hausses dans les linéaires. Le premier hic tient au coefficient multiplicateur appliqué par les distributeurs : l’effet de la hausse est mathématiquement amplifié. Le consommateur est très sensible au prix, alors qu’il tend à réduire ses achats de viande.
Second hic : réussir à imposer la hausse aux distributeurs. Alors que le groupe Doux a annoncé que celle-ci semblait inéluctable en volailles – et ce, à l’échelle internationale – le directeur général de Carrefour, Lars Olofsson, a répondu dans une interview des Echos (17/09/2010) : « pour ce qui est de la hausse des matières premières, nous sommes prêts à soutenir les industriels […] ils ne peuvent pas imaginer une seconde faire passer les hausses de façon automatique. Ils devraient envisager, comme nous l’avons fait, de réduire leurs coûts et leurs marges pour soutenir la consommation et leurs ventes ». A bon entendeur, salut !…
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