A 6 km d’Abbeville, la ferme des 1000 vaches de Michel Ramery, entrepreneur du bâtiment et chef d’exploitation, fait l’actualité depuis la naissance de ce projet d’une ferme 2000 vaches. Si ce projet fait peur à tort ou à raison, la notion de grands troupeaux est plus mesurée en France. Selon la revue L’Eleveur Laitier, ces grands troupeaux sont définis comme ceux dépassant le seuil de 100 vaches.
La ferme des 1 000 vaches, ou 500 têtes pour l’instant, est un cas isolé en France. Les troupeaux de plus de 100 vaches ne représentent ainsi que 9 % des élevages laitiers spécialisés en 2013 des clients du centre de gestion Cogedis. Leur taille moyenne est de 119 vaches avec une production de 831 000 l de lait pour trois UTH.
Un revenu disponible supérieur pour les grands troupeaux
Malgré les réticences, les grands troupeaux ont l’avantage d’avoir de bons résultats économiques, comme le révèle un récent article de L’Eleveur Laitier (n° 228 – octobre 2014). Certes leur coût de production est supérieur à la moyenne (345,50 €/1000 litres vs 337,10 €). « Mais il n’a progressé que de cinq euros dans ce groupe en 2013 contre une hausse de 17 € chez les autres ». En dernière ligne, ces grands troupeaux dégagent un revenu disponible de 23 100 € par UTH contre 19 780 € pour l’ensemble des clients Cogedis. « Les grands troupeaux se caractérisent par un volume de livraison supérieur qui permet de dégager davantage de revenus par personne. Un écart non négligeable de 3330 € en 2013-2014. Il était du même niveau sur l’exercice précédent ».
La spécialisation, un atout des grands troupeaux
Les grands troupeaux affichent différents atouts, liés en grande partie à la spécialisation et au niveau technique des associés et du personnel. « L’expertise d’un associé dans les productions végétales par exemple clairement un atout pour l’atelier laitier. C’est ce qui explique les coûts du maïs soit plus faibles avec des rendements plus élevés dans les grands troupeaux ». Les associés de grands troupeaux ont aussi une approche stratégique plus pointue et une bonne dose d’anticipation : « ils ont déjà réfléchi à leur stratégie pour l’après quota, ils ont engagé des moyens pour la suivre ».
Les grands troupeaux permettent des économies d’échelle
Les grands troupeaux autorisent des économies d’échelle qui se traduisent par exemple dans les coûts inférieurs de production des fourrages. Mais ils consomment plus de concentrés, « ils révèlent donc plus sensibles à la volatilité des prix des matières premières ». Les coûts vétérinaires et d’élevage sont équivalents à la moyenne.
Si les charges de structure sont légèrement plus élevées dans les grands troupeaux (les amortissements de bâtiments sont de 18,20 € vs 16,70 €), cela s’explique par la jeunesse de ces élevages, qui « se sont regroupés et ont investi récemment ».
En conclusion, L’Eleveur Laitier rappelle sur les clés de la réussite « se situent à plusieurs niveaux : il est nécessaire d’être pointu dans chaque domaine, aussi bien technique et financier » et insiste sur les nouvelles compétences à développer pour gérer un grand troupeau : « L’organisation du travail et de la communication sont indispensables à l’efficacité. C’est encore plus vrai en présence de salariés ».
Effet de seuil des grands troupeaux
Le projet d’augmenter la taille de son troupeau ne peut pas se faire sans une réflexion approfondie. D’autant plus qu’un effet de seuil existe, comme l’explique Michel Welter, en charge du projet de la ferme des 1000 vaches (500 vaches pour l’instant), après avoir visité des exploitations allemandes : « de 50 à 100 bovins laitiers, un couple a de quoi subvenir à ses besoins. De 100 à 200 animaux, l’élevage peut se permettre d’employer de salariés. Mais entre 200 et 500 vaches c’est l’enfer ! La législation sur le temps de travail, la prise de congés rendent complexe la gestion des équipes et la mise en place de plannings simples» (Grands Troupeaux Magazine – n° 22 – avril/mai 2014).